- Rappel : Suite à la mise en place du Service de Travail Obligatoire (STO) par le gouvernement de Vichy en février 1943,
de nombreux jeunes sont montés dans le Vercors afin de s'y soustraire. Différents camps gérés par la Résistance apparaissent alors sur tout le territoire.
Historiquement, le premier fût le
camp d'Ambel, appelé aussi C.1 avant la renumérotation
des camps avec des nombres impairs pour le Vercors Nord (C.1-Plénouze,
C.3-Carteaux, C.5-Gros Martel...) et pairs pour le Vercors Sud (C.2-Corrençon, C.4-Darbounouze, C.6-Vassieux...).
Mais l'évolution de la situation était telle que des créations et des regroupements entre camps ont eu lieu comme le décrit bien le
document de synthèse du Musée de la Résistance:
.
- La bergerie de Plénouze située dans sur
une prairie à 1600m d'altitude et proche d'une source, est d'abord utilisée à partir de fin juin 1943, par un groupe de jeunes venus de Chartreuse assujettis à l'UPI et encadré par "Raoul" et "Petit Louis".
Un document d'archive nous indique qu'une
rénovation a été effectuée en 1907 sur cette cabane de 11,50m de long et 7m de large avec chambre pour le berger.
- André Cuny, ancien du 3ème Dragon raconte dans ses mémoires:
"Le cheminement de ce maquis, était UPI (union Patriotique Indépendante), il est reconnu et financé par l'AS (Armée Secrète) et à son sujet,
il est déjà discrètement question qu'il soit parmi les éléments destinés à reconstituer le 6ème BCA..."
Une partie du groupe de Plénouze - été 1943 (A.Cuny devant à droite)
- Il s'agit déjà de s'entrainer et de manipuler les armes. Mais le plus grand souci reste le ravitaillement.
Les fermes du
Vallon de l'Achard seront d'une aide précieuse en fournissant très souvent lait, fromages et pommes de terre avec grande discrétion.
Tout comme l'assistance des
équipes civiles d'Autrans et Méaudre pour la logistique, l'alerte ou les soins.
Ferme de la famille Tournier à Villeneuve - été 1943 - A.Cuny à l'extrême droite.
- Mais l'hiver arrive vite et la bergerie peu propice à un hivernage force ce groupe d'une trentaine d'hommes à chercher un autre refuge plus adapté.
Ils iront s'établir au hameau de Malleval. L'effectif du groupement montera alors jusqu'à 90 personnes. Vers le 20 janvier 44, en désaccord avec leur nouveau chef de camp
Gustave Eysseric,
une trentaine d'entre eux préfèreront quitter Malleval pour rejoindre un autre camp. Les maquisards restants subiront de plein fouet le 29 janvier 44 une
attaque des Allemands aidés par des miliciens locaux.
A.Cuny -
"...passer l'hiver sous les toiles de tente de fortune n'était plus possible."- automne 1943
- Début 1944, une deuxième installation se prépare sous l'impulsion de
Costa De Beauregard, ancien du 159ème RIA qui sera désigné
Commandant de la zone du Nord-Vercors le 2 mars 1944, qui souhaite créer un camp à vocation militaire.
- Encadré par des anciens du 159ème, il nomme
Pierre Trombert chef du C.1 Vercors-Nord.
Le C.1 s'installe alors sur les hauteurs d'Autrans de façon itinérante, d'abord à la cabane forestière de Barbuisson,
puis à la maison d'alpage des Fenêts et enfin vers mai 1944 à la bergerie de Plénouze. La remise en état du lieu et l'installation de dortoirs sont entrepris par les premiers maquisards.
Itinérance des camps C.1,C.3 et C.5 - « © LC44 »
- A son arrivée à Plénouze début juin, Gilbert Joseph décrit la baraque ainsi :
...Deux pierres plates servant de marches pour atteindre le pignon où une porte de la hauteur d’un enfant donnait accès à un réduit de 6 à 7m² séparé du reste de l’étable par un mur en pierre.
A l'origine, ce réduit où l’on ne pouvait pas se tenir debout, servait de chambre au berger et l'isolait de ses bêtes.
Accroupis devant une table aux pieds sciés, deux hommes jouaient aux dés.
(Note LC44: Costa De Beauregard et Trombert)
...Il me ramena sur le devant de la baraque dont la porte vermoulue était ouverte à deux battants.
...On y pénétrait de plain-pied sur un sol en terre battue. C’était le réfectoire.
On touchait de la tête les rondins que les maquisards installaient en travers pour aménager un dortoir au-dessus.
Un vieux poêle à trois bouches dit « as de trèfle » [avec un tuyau montant] jusqu’à la toiture qu'il dépassait d’un bon mètre.
...Les jours d’intempérie, le réfectoire se transformait en bourbier. Il fallait se réfugier au dortoir pris dans la hauteur de la baraque,
où nous ne pouvions pas rester debout à cause du double versant de la toiture.
...Une lucarne était percée dans le pignon. A l'autre extrémité c'était le mur de refend qui nous séparait du réduit du capitaine et de Pierre Trombert.
...[Le dortoir] avait une superficie approximative de quarante mètres carrés.
...Des plaques de tôle rouillées formaient la couverture.
Bergerie de Plénouze, le pignon Est et le tuyau du poële
Source G.Joseph "Combattant du Vercors"
Bergerie de Plénouze, entrée étable muret Sud
Source G.Joseph "Combattant du Vercors"
- Le secteur de surveillance du camp de Plénouze s’étend du col de la Croix Perrin jusqu’à Sornin.
Jusqu’au 6 juin 1944, l’effectif d’environ
30 hommes reste stable.
- A partir de l’annonce du
débarquement allié en Normandie les effectifs gonflent sensiblement.
Trois jours après, le bouclage du plateau du Vercors est décrété par le Commandement Militaire du Vercors.
Le camp de Plénouze devient alors le lieu de regroupement du C.1,
C.3, C.5 et C.7
qui forme désormais la compagnie Vercors-Nord "Dufau" commandée par le
Capitaine André Bordenave, qui deviendra officiellement plus tard la 1ère Compagnie du 6ème BCA reconstitué.
- A compté du 10 juin, le C.1 a en charge le dispositif de défense autour du
tunnel
d’Engins situé à l’entrée des gorges du Furon au-dessus de Sassenage, mais les
attaques allemandes du 13 et du 15 juin 1944 s’effectueront par la trouée de
St Nizier sur un front plus large allant du plateau Charvet jusqu’au pied des Trois
Pucelles.
la garde au gorges d’Engins – Juin 1944
En haut de G. à D.: Landau, Savio, Escanès, Chabert.
En bas de G. à D.: Mulheim, Joseph, Gusella.
(Collection ANPCVMV-FA)
- En fin de matinée du 15 juin, dépassés en nombre, en puissance de feu et en
expérience, les maquisards reçoivent l’ordre de se replier.
Les attaques sur St Nizier couteront la vie à 22 combattants et en blesseront 24
autres. La quasi-totalité des maisons de St Nizier, près de 100, seront détruites,
ainsi que les hameaux des Guillets, du Charvet et de trois autres du secteur de
la bataille.
- Le 21 juillet 1944, l’armée Allemande prend d’assaut l’ensemble du maquis du
Vercors. Le 23 juillet, l’ordre de dispersion est donné aux maquisards, commence
alors pour eux une longue errance dans les forêts profondes du massif avec très
peu de moyen de subsistance.
- Début août, la pression exercée par l’armée Allemande diminue légèrement et
les maquisards reprennent des forces pour préparer leurs actions de guérilla.
Quelques embuscades se feront du côté de la Croix Perrin, de Bouilly ou de
Jaume mais surtout sur la route de St Nizier au lieu-dit de la Croix Lichoux où
le 18 août une dizaine de maquisards sous le commandement de Gilbert Gauld
attaque à la grenade un camion de soldats Allemands faisant 18 victimes chez
l’ennemi.
- le 22 août Grenoble est libéré. Commandé par
Costa de Beauregard,
le 6ème BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins) est alors reconstitué avec beaucoup de volontaires issus des différentes compagnies de maquisards du Vercors.
Il défilera à Grenoble le 8 septembre 1944.
Défilé des hommes du C.1 du 6ème BCA reconstitué, à Grenoble le 8 sept.1944
(Coll. Marc Serratrice)
- Fin 1944, début 45, le 6ème BCA couvrira la frontière italienne dans les Alpes du sud, lors de la remontée des Allemands par l’Italie.
Il combattra ensuite en Maurienne avant d'être désigné comme troupe d’occupation en Autriche.
6e BCA-1ère Cie(C.1,
C.3,C.5) & Tabors Marocains à Cervières - Automne 1944
(Coll. Marc Serratrice)
La cabane de Plénouze se situe sur un pâturage d'altitude sur la commune d'Autrans-Méaudre en Vercors
qui est inclus dans l'Espace Naturel Sensible de la Mollière du Parc Naturel Régional du Vercors.
La réglementation est donc particulièrement stricte et nous devrons en tenir compte à chacune des étapes de la reconstruction.
De plus la consultation et la coordination avec tous les acteurs impliqués sur cette espace sensible (Mairie, PNRV, ENS, Groupement Pastoral ...) est indispensable.
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